J’ai posé mes ciseaux et j’ai joué avec le soleil.
J’ai rebondi sur des souvenirs quand, petite, je faisais de la magie avec des grandes feuilles de châtaignier que je transformais en emprunte digitale, perchée quelque part là haut dans les montagnes, au cœur des Pyrénées Orientales.
J’ai d’abord repris le même chemin, avec des végétaux séchés. Puis j’ai emprunté une route de traverse, fait ma trace à moi, nourrie du travail des objets en papier que je crée depuis des années déjà.
Le jeu dont je vous parle, c’est celui des impressions cyanotypes. Un procédé photographique ancien. La technique a été mise au point en 1842 par John Herschel qui eut la brillante idée de mélanger ferricyanure de potassium et citrate d’ammonium ferrique pour l’appliquer sur une surface, devenue photosensible. Au contact des rayons ultraviolets de la lumière, le fer se transforma pour créer un pigment bleu insoluble alors que les parties de l’image non-exposées étaient dissoutes dans l’eau de rinçage.
Le tirage obtenu est bleu de Prusse, typique, rendu familier par les herbiers et en particulier ceux de Anna Atkins, botaniste et photographe anglaise contemporaine et amie de Herschel. Pour notre plus grand plaisir, hommage à eux ♥.
ça c’est pour la grande histoire.
Pour la petite, le matin où je devais m’initier à cette pratique, il pleuvait des cordes. Pas l’ombre d’un UV en vue et en perspective de la journée. Je me suis rendue à mon RDV, dans un endroit qui crépite de créativité, les Imbriqués, pour suivre un atelier avec Fanny et faire mes premiers cyanotypes de grande.
Heureusement Fanny avait une insoleuse, qui permet en cas de force majeure comme celle-ci de faire comme si il y avait du soleil. Comme si, mais pas pareil quand même.
Et voilà , j’ai fait mes premiers cyanotypes sous la pluie et sous les conseils éclairés de Fanny, merci à toi.
Puis, seule, équipée de mes solutions, d’une plaque de verre et de pinces pour tenir mes compositions en place, j’ai fait mes premiers pas.
Ramassé des végétaux, enduit mes papiers, composé, regardé le soleil œuvrer, tâtonné, rincé, raté, recommencé, dosé, réessayé, changé de papier, d’heure d’exposition, de mesure du temps, de lieu ….
Et doucement mais rapidement, l’idée s’est imposée d’elle-même, évidente et souriante. Faire des tirages cyanotypes de mes objets en papier.
Je tenais mon fil: créer des objets en papier, les photographier et les révéler au soleil. Un résultat à mi chemin entre photo et peinture. Une nouvelle vie pour mes créations en papier.
Et pour pousser le jeu un peu plus loin, le faire sur du papier chiffon fait avec mes petites mains, au moulin à papier de Brousses, une histoire que j’ai aimé vous raconter ici. Une jolie boucle, inspirante.
Voici donc mes objets papier couchés par le soleil sur du papier chiffon – Du papier bleu soleil. Vous pouvez en retrouver certains sur la boutique.
Vous n’avez sans doute pas fini de m’entendre vous parler de cyanotypes. La magie de ce procédé est infinie. Chaque tirage est unique. Chacun a sa densité, ses nuances, ses secrets, ses imperfections, fruits du dialogue avec le soleil. Car c’est lui qui décide et qui fixe les règles du jeu. Et vous invite à danser avec lui.
Je suis heureuse de pousser mon travail en papier sur cette nouvelle piste. De vous présenter mes premiers travaux.
J’ai plus que jamais rendez vous avec l’été pour essayer milles idées., au zénith ou à des heures plus nuancées. Il parait que le soleil d’hiver est tout aussi magique. On verra ça.
A bientôt.
Je vous souhaite un bel été, au soleil ou à l’ombre.
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